PARTIE V
Tigre, Azul, Cerro de la Ventana, Bahia Blanca, Choele Choel, Cipoletti, Picún Leufú, Junín de los Andes, San Martín de los Andes, Chapelco, Meliquina, Route des 7 Lacs, Lago Traful, Villa La Angostura
(29 décembre au 10 janvier 2008)

 

Samedi 29 décembre

Pour éviter la traversée de la capitale, on nous conseille de la contourner, mais comme la signalisation routière est inexistante ou que les panneaux sont complètement effacés dans les villes, nous avons bien du mal à trouver notre direction. Nous rejoignons finalement la route 3, qui va de la capitale à Ushuaia, quasi autoroute ici à travers la pampa. Les paysages sont plats et monotones, grands champs de blé ou pâturages avec troupeaux de vaches, chevaux et moutons.
Etape au camping municipal de Azul, au bord du rio du même nom. Enfin une nuit sans moustiques !

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Dimanche 30 décembre

En raison du passage à l’heure d’été en Argentine, nous avançons nos montres d’une heure et nous n’avons plus que 3 heures de décalage avec la France.

En dehors des villes il est difficile de trouver où s’arrêter, il n’y a pratiquement jamais d’aire de repos. Les terrains sont presque toujours clôturés et les fossés souvent profonds.

A midi, nous nous arrêtons en pleine campagne, près d’un local de la police rurale. L’unique policier vient nous trouver et nous avons avec lui une discussion intéressante et amicale qui se termine par l’échange d’adresses et des photos.

Le paysage est plat et monotone, la moisson est en cours dans les immenses champs de blé et nous rencontrons sur la route des attelages de grande longueur composés d’une moissonneuse ou d’un 4x4 tractant une caravane (qui doit loger les ouvriers) et encore derrière un engin agricole puis une remorque citerne pour le fuel ou l’eau.

Encore des pâturages avec chevaux, vaches ou moutons.

La jauge de gasoil baisse et depuis 100 km au moins nous n’avons pas vu de station. Un panneau annonce : carburant à 2 km. Libano est un petit village à l'écart de la route et la station-service est antique. La citerne est posée sur des parpaings mais la pompe est quand même électrique. Le pompiste a le sourire car le prix du litre : 3,99 Pesos, est plus du double de ce que nous avons payé à Buenos Aires ! Mais mieux vaut jouer la sécurité et éviter la panne sèche. Et même à ce prix-là, le gasoil reste encore bien moins cher qu’en France !

Les gens en voiture qui nous doublent nous saluent d’un pouce levé.

Nuit au camping sous les grands sapins au bord du petit rio, à Villa Ventana, village récent dans une région agréable de grosses collines qui se destine au tourisme. Ici, et c'est rare, les rues ne se coupent pas à angle droit car le plan du village représente une feuille d’arbre.

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Lundi 31 décembre

Le Cerro de la Ventana (la montagne de la fenêtre) a en son sommet un rocher percé d'un grand trou. Au belvédère, nous nous arrêtons. Une voiture stoppe près de nous. Notre véhicule les intrigue. La mère et ses deux filles s’intéressent à nos voyages. L’une d’elles, Laetitia, chanteuse et danseuse de tango interprète a capella une chanson (triste bien sûr) sur les années 2000. Echange d’adresses, si nous repassons par Buenos Aires, nous sommes invités.

Encore 120 km pour trouver une pompe à Bahia Blanca. Depuis la petite station de Libano nous avons fait près de 230 km sans station-service ! Pourtant nous étions sur des routes asphaltées et assez fréquentées.

A un rond-point une 403 pick-up stationne. Elle a 38 ans, ses occupants, un couple charmant, en ont près du double. Ils l'ont équipée en mini camping-car.

Nous achetons quelques fruits et légumes à un marchand ambulant, son camion arrêté au bord de la route. Mais 20 km plus bas, sur la ruta 3 (qui va de Buenos Aires à Ushuaia en longeant plus ou moins l’Atlantique), contrôle sanitaire. Nous stoppons peu avant pour faire cuire ou consommer sur place le maximum. Mais le contrôle sanitaire est souple en cette fin d’année. On nous prend quand même 2 oranges. Puis nous passons avec la voiture à la désinfection (pulvérisation automatique sur les roues et acquittons la taxe de 5 pesos).
En fin d’après-midi on franchit le Rio Colorado à Rio Colorado (quel manque d'imagination !) et entrons en Patagonie.
Une heure plus tard à Choele Choel, une petite ville sympathique, nous trouvons un téléphone pour appeler les enfants et leur souhaiter la bonne année.
Le camping municipal dans l’île du Rio Negro est gratuit. L’accueil est chaleureux. Nous nous installons près de Daniel et ses amis mais la responsable du camping préfère que nous déménagions pour nous rapprocher d’elle, on ne sait jamais, dit-elle…
Elina, fascinée par nos voyages, tient absolument à nous acheter un livre, même si elle ne connaît pas le français.
Le camping est plein, ses occupants sont déchaînés, et jusqu’à 4 heures du matin les radios à fond, les pétards et feux d’artifice nous empêchent de dormir. C’est la saint Sylvestre, la fiesta bat son plein.

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Mardi 1er janvier 2008

Aujourd’hui farniente au bord du rio, baignade.
Le soir nous partons, traverserons des exploitations fruitières de pommiers et poiriers, enfermés dans des haies de peupliers qui les préservent du vent.
Contrôle policier sympa.
En empruntant la piste en direction du camping municipal gratuit de Cipoletti, nous croisons quantité de gens qui rentrent chez eux.
Le gardien, qui est aussi policier, nous conseille de nous installer, pour notre sécurité, pas trop loin de sa maison. Enfin à minuit les derniers occupants s’en vont et nous restons seuls tous les deux.
A 2 heures du matin, on frappe à notre fenêtre. Deux jeunes à vélo, un peu affolés, viennent nous dire qu’un nuage toxique va arriver et qu’il faut absolument partir. Le ciel étoilé est pur et sans nuages. Nous décidons de demander au gardien ce qu’il en pense. Mais malgré nos appels, nos coups de klaxon, les aboiements des chiens, rien ne bouge dans la maison. Deux autres jeunes arrivent alors à vélo et nous supplient la main sur le cœur de partir en ville pour nous protéger. Est-ce une blague ou un piège pour nous attirer plus loin afin que des complices nous dépouillent ? Si telle était leur intention, ils le feraient ici. Ils inspirent confiance, aussi nous partons. Il n'y a personne tout au long des 2 km de piste. A la station-service, le pompiste n’est au courant de rien. C’est vrai que la veille au soir nous avions senti dans l’atmosphère une odeur d’acide, mais nous pensions qu'elle était due aux industries chimiques de la région. La police passe vers 3 heures du matin. Ils sont au courant qu’un volcan chilien est entré en éruption et qu’un nuage toxique est annoncé. Nous leur demandons conseil. Que devons-nous faire ? " Si vous partez, ce sera à vos risques et périls. Enfermez-vous et buvez de l’eau." nous disent-ils.
Quelle direction prendre pour nous préserver ? Sur la route camions et voitures passent dans les 2 sens. Nous allons à l’autre station-service. Le pompiste est informé mais n’a aucun détail.
Finalement nous nous recouchons à 4 heures du matin.

Les vieux camping-cars argentins étaient plutôt démesurés.

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Mercredi 2 janvier

A 8 heures, tout paraît normal. Les gens partent au travail. Le journal nous apprend que le coupable est le volcan Llaima (= le Réveillé ou le Ressuscité). C’est sa soixantième éruption depuis 1640. Le nuage de cendres a parcouru une centaine de kilomètres pour atteindre la ville de Zapala, en Argentine. Nous sommes à environ 300 km, heureusement plus au nord.
Sur la route à Neuquén nous avons l’impression de respirer encore des odeurs d’acide.

Près de la route 237 les pylones électriques ont poussé de façon anarchique. Ils sont de 4 modèles différents, car ils appartiennent à plusieurs compagnies privées. Ca occupe énormément de place et c’est très moche.

Plus loin nous rencontrons des dinosaures au musée de Villa El Chocon, avec Andrés, notre jeune guide.

Le lac de barrage tout proche est le plus grand lac artificiel d’Argentine et produit une grande partie de son électricité. Le payage est très sec, le vent violent de face nous fait plafonner à 80 km/h et soulève des nuages de poussière, réduisant la visibilité, comme dans le brouillard.
A Picún Leufú des panneaux annoncent que c’est la ville du vent.
Nous dormons près de la police, dans un petit bois aménagé pour pique-niquer, par une nuit heureusement sans vent.

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Jeudi 3 janvier

Route vallonnée jusqu’à Piedra del Aguila, dernier village fondé en Argentine avec 56 habitants, mais en plein essor touristique, proche d’un autre lac de barrage.
Nous prenons la route 40, ici asphaltée et sinueuse. On découvre au loin le volcan Lanín et sa superbe pointe neigeuse.

Au loin le volcan Lanín, vu depuis le cerro Chapelco.

Le rio d’un bleu profond court dans une vallée verdoyante.

Nuit au camping de Junín de los Andes, lieu ancestral de la culture mapuche.

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Vendredi 4 janvier

Stationné sur la place San Martín à Junín de los Andes, le BerliLand avec sa tour Eiffel a attiré une famille argentine. Gladys, qui parle français, son mari Carlos et leur fils Estanislao nous invitent à aller les voir dans leur maison de vacances, près d'un lac, dans la montagne. Nous leur offrons un livre et promettons de passer.
Quelques jours plus tard, nous leur rendons visite. Gladys a commencé la lecture de notre livre. Carlos nous prépare un délicieux asado, cuit dans la cheminée de leur maison rustique. Nous passons avec eux une inoubliable journée. Des gens accueillants, chaleureux, d’une grande simplicité et gentillesse.

Au camping de Junín deux femmes qui parlent français évoquent leur voyage en France où réside à Rennes un membre de leur famille. Elles nous parlent de La Flèche où elles sont venues chez une employée du Prytanée militaire, à quelques kilomètres de chez nous !

Du lago Melikina jusqu’à Confluencia c'est 100 km d’une piste facile passant d’un paysage alpin à des reliefs dantesques. Les roches de basalte donnent des formes étranges aux montagnes. Piste réservée aux voitures et fourgons, interdite aux gros véhicules.

San Martín de los Andes, petite ville de 25 000 hts, touristique, aux jolies maisons, au bout du lac Lacar bordé de forêts.

Nous prenons la Route des 7 Lacs, longeons le lago Lacar, puis obliquons par une piste pour aller au Complexe touristique Chapelco, centre de sports d’hiver, où sur l’immense parking nous sommes seuls et au calme.

Un vieux Mapuche vient nous voir. Il nous demande du pain. Nous lui en offrons ainsi que des sardines en boîtes et quelques fruits. Il semble très content.

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Samedi 5 janvier

Nous décidons de consacrer la journée à la mise à jour de notre site. En fin d’après-midi, une fausse manœuvre liquide en 1 seconde le travail de l’après-midi. Cette fois l’ordinateur a failli passer par la fenêtre ! Ecoeurés, nous redescendons à San Martín pour envoyer par Internet à notre fils le texte qui nous reste et nos photos.

Pour les amateurs de rétromobiles, une Dauphine Renault à vendre. Tout est d'origine.

Après les courses, le plein de gasoil et d’eau, nous remontons dormir à Chapelco. Au parking, quatre chicas se garent près de nous et descendent de voiture. L’essence pisse du réservoir crevé. Dans l’urgence, je bouche le trou avec le doigt et leur conseille de mâcher rapidement plusieurs chewing-gum. Nous colmatons grosso modo la fuite puis un jeune homme apporte une pâte à malaxer qui bouche le trou. Le réservoir de la Fiat Palio de location est tout cabossé, il avait déjà été percé et la pâte qui bouchait le trou aura tenu jusque-là. Elles contactent par téléphone portable leur loueur qui va échanger leur voiture.

Une précaution utile : quand on loue une voiture, on en fait le tour pour vérifier l'état de la carrosserie, mais on néglige de regarder dessous.


Rencontré au camping de Junín, ce jeune descendant de Basques
a revêtu le costume de ses ancêtres mais adopté le poncho.

Pour les aficionados de Land Rover.

La piste longe parfois le rio Caleufú, tumultueux.

Le panneau annonce du bétail dynamique.

Rencontres sur la piste.

Par hasard nous rencontrons des Français stationnés au bord d’un rio.
Ils nous avaient invités chez eux, en banlieue parisienne en 2006, suite à notre livre.

Le lago Traful

Mur de l’école de Villa Traful (400 habitants).

Au bord du lago Traful la taille des arbres nous impressionne.
(Cliquer pour agrandir l'image et voir notre petit Land.).

Il neige en plein été au bord du lago Traful (alt. 800 m).

Autres belles rencontres : Deux stoppeurs argentins trempés et un couple franco-argentin.

La suite...

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