Fiat 238 à chambre de toit amovible (5 adultes + 1 enfant) 1978

Raconter notre vie n’intéresse pas forcément les autres, j’en suis conscient. Cependant notre expérience pourrait être utile aujourd’hui à ceux qui se trouvent à l’étroit dans leur véhicule, ou qui ont absolument besoin d’un couchage pour leur(s) enfant(s).

L’expérience du Fiat remonte à près de 30 ans mais les principes que j’ai adoptés seraient transposables dans un véhicule contemporain.

En 1978, pour succéder à notre Renault 4L camionnette vitrée 5 places, pour un couple avec 4 enfants de 4 à 10 ans, il nous fallait un véhicule 6 places. Seules possibilités à l’époque : la Citroën CX familiale, la Peugeot 504 familiale, ou un minibus équipé 9 places, tous trop coûteux pour nous.
A l’époque la TVA était de 33% pour les voitures ainsi que pour les minibus équipés d’origine, mais de 18,6% seulement pour les utilitaires vides.
Pour le même prix : 29 000 F, nous avions le choix entre un break Renault 12 ou un break Citroën GS. Tous deux notoirement trop petits pour 6, surtout pour de longs voyages et qui auraient été incapables de tracter une caravane 6 places, que de plus nous ne possédions pas.
Restait le FIAT 238 E, camionnette vitrée d’origine, pas plus encombrante qu’une grosse berline, permettant d’aller au travail, à équiper pour transporter la petite famille et pour voyager en bénéficiant du confort d’un petit camping-car.
Pas besoin d’homologation ou de passage aux Mines à l’époque pour les aménageurs amateurs.
Ce fut notre premier camping-car.

Le FIAT 238 E

Petit dehors mais grand dedans. 4,59 m de long pour 2,795 m de longueur intérieure. Il était exceptionnellement logeable.
Largeur intérieure 1,72 m au centre. Hauteur intérieure 1,51 m.

Le moteur essence (il n’existait pas de diesel) est situé sous le siège passager 2 places qui bascule en avant pour l’entretien. Avec sa cabine avancée, l’absence de capot moteur permet de gagner en encombrement extérieur. Le porte-à-faux avant est important (on est assis au-dessus de l’essieu), mais dangereux en cas de choc frontal.
L’empattement très court favorise les manœuvres mais des mouvements de balancement AV/AR sont perceptibles sur mauvaise route.
Traction AV, donc plancher bas et bonne tenue de route.
Pas de direction assistée, elle est très dure dans les manœuvres à l’arrêt, surtout quand ça descend.
Consommation 10 à 11 litres de super.
Niveau sonore moyen. Tempérament plutôt vif. Vitesse maxi 110 km/h.
Charge utile intéressante : 1 075 kg.
Suspensions à 4 roues indépendantes.
Il est équipé d’origine de doubles portes à l’arrière ainsi que sur le côté droit.



CONCEPTION DE L’AMENAGEMENT

Avant de commander notre fourgon, je savais déjà comment j’allais l’aménager. Grâce au catalogue j’avais réfléchi à la disposition intérieure et choisi les accessoires. Cela m’a permis de me mettre au travail dès qu’il m’a été livré et de gagner un temps précieux.
Je savais que toute la réalisation prendrait du temps, c’était notre premier aménagement et j’avais encore très peu bricolé.
Je possédais seulement quelques outils à main, une perceuse électrique et son adaptation scie sauteuse démontable.
J’ai prévu de l’aménager en 2 ans.

PREMIÈRE ANNÉE
LE REZ-DE-CHAUSSÉE

Il était constitué de 4 éléments de mobilier totalement amovibles :
- 1 cuisine avec évier et réchaud 2 feux
- 1 armoire-penderie avec à côté le frigo et dessous un W-C chimique
- 2 banquettes-coffres latérales servant d’assises pour 6 personnes ou constituant le couchage double. Avec les 3 places en cabine, nous avions 9 places route.

MOBILIER AMOVIBLE DEMONTABLE EN 20 MINUTES.

DISPOSITION
Vers l’avant, une dînette 6 places avec en vis à vis :
- Une banquette latérale gauche de 150 cm formant coffre, solidaire de la moitié du plancher.
- Une banquette latérale droite de 100 cm formant coffre prolongée vers l’avant sur 50 cm par une planchette avec dessous le rangement des 6 sièges de camping, accessibles directement par la porte latérale. Sans les sièges et la planchette, les passagers ont un accès par la porte latérale.
Chaque coffre est solidaire de la moitié du plancher.
La coupelle du pied tubulaire de la table solidarise les 2 demi-planchers, donc les 2 coffres par la partie de plancher qui leur est propre.

Du côté gauche, en arrière de la banquette, un meuble armoire-penderie de 1,27 m de long sous lequel prend place le W-C chimique. (On ouvre la porte de la penderie pour un peu d’intimité.) A hauteur d’assise un frigo trimixte de 37 litres à ouverture par le dessus est maintenu par une ceinture de sécurité de récupération. Il fonctionne en 12 volts sur route et est alimenté à l’arrêt par la bouteille Camping-gaz placée au pied.
Ce meuble penderie est retenu latéralement par une seule vis et bloqué vers l’avant contre la banquette.

Du côté droit, le meuble cuisine de 1,27 m comprend un évier inox avec égouttoir et un réchaud 2 feux amovible et sa bouteille Camping-Gaz 3 kg. Couvercle abattant formant plan de travail.
La cuisine est fixée sur le passage de roue par les 2 boulons qui ferment le couvercle de la batterie d’origine (et unique).
Au centre, à l’arrière, un plancher en aggloméré maintient l’écartement entre cuisine et penderie.
Un lino avec sous-couche fibre recouvre le sol.

MATERIAUX
Les « meubles » sont découpés dans de l’aggloméré mélaminé double face imitation noyer du Quercy de 19 mm. Les portes et étagères sont du même matériau, mais épais de 8 mm. Un coup d’éponge suffit pour l’entretien mais c’est assez lourd et ça gonflerait en séjournant dans d’humidité. Assemblage en angles au moyen de tourillons. Assises en contre-plaqué de 10 mm.
La table sur pied tubulaire unique est stable car elle est appuyée en bout avant sur un tasseau vissé sur un panneau vertical haut de 80 cm, placé au dos de la cabine, servant aussi à bloquer les 2 banquettes.

9 PLACES ASSISES ROUTE
3 places en cabine et juste derrière, les 2 banquettes latérales (chacune de 150 cm) pour 3 places à l’aise) donc 9 places au total, le maximum autorisé avec le permis B.

COUCHAGES
Il nous fallait au total 5 places, plus une sixième pour le petit dernier, qui dormait sur les 3 sièges cabine recouverts d’une mousse taillée en léger biseau.
Par abaissement de la table sur les banquettes, on obtient un lit biplace de 150 x 172 cm. Un peu court mais large.

ISOLATION
Polystyrène de 3 cm dans les portes, au bas des parois, depuis le bas des vitres jusqu’au plancher. Polystyrène collé au plafond, sous le contre-plaqué de 3 mm imitation frisette.
Vitres recouvertes par un film argent empêchant de voir à l’intérieur + doubles rideaux pour l’occultation.
Eau par pompe mixte électrique 12 Volts par contacteur au robinet + soufflet au pied.
Réservoir en plastique souple transparent de 45 litres logé dans la banquette latérale droite, remplissage porte ouverte par bouchon fixé au dos du coffre.

LA SECONDE ANNEE
CONSTRUCTION DE L’ETAGE


CAHIER DES CHARGES
La « galerie-chambre » devait :
Permettre de se tenir debout devant la cuisine (1,85 m)
Coucher les 3 aînés
Offrir des rangements supplémentaires
Etre amovible hors des périodes de vacances pour que le Fiat retrouve sa hauteur d’origine.

Cette galerie-chambre-rangements couverte était accesssible de l’intérieur. Isolée par du polystyrène, (l’extérieur est en tôle polyester teintée blanc dans la masse, l’intérieur en contre-plaqué de 3 mm), dotée d’un toit fixe pour le tiers arrière et d’un toit articulé par l’avant sur les deux tiers avant. Le dessous de la galerie vient se plaquer au-dessus d’une ouverture découpée dans le toit du fourgon, en écrasant un joint.
Cherchant toujours à construire léger, le « plancher » de la chambre (long de 2,07 m) est en contreplaqué de 5 mm (suffisant sous les jambes et les pieds) doublé par une seconde épaisseur de 5 mm sous le haut du corps.

DIMENSIONS
Cette galerie (de 3,40 x 1,78 x 0,40 m de haut repliée) possède une ouverture de 0,90 x 1 m à l’aplomb de l’ouverture percée dans le toit du fourgon, permettant de se tenir debout entre cuisine et penderie, où la hauteur intérieure passe de 1,51 à 1,85 m.
Elle constitue une chambre pour trois (170 x 207 cm de longueur intérieure, hauteur ouverte intérieure 30 cm aux pieds à 95 cm à la tête). Pas besoin d’échelle, on pose un pied sur une banquette, la cuisine et hop ! accessible par l’intérieur quand le toit est relevé. Quand on est au lit, à l’étage, la hauteur intérieure en position déployée permet de s’asseoir sans toucher le plafond.
Des placards de pavillon de 0,30 m de haut et de 1,25 m de long de chaque côté de l’ouverture :
Au-dessus de la cuisine profondeur 0,30 et de la penderie profondeur 0,45, au total près de 300 dm3.
Au pied des dormeurs il reste un espace important qui constitue notre « grenier » espace de rangement pour tout ce qui nous embarrasse.
La petite baie à projection en plastique double-vitrage installée dans la « galerie » à l’arrière peut rester ouverte même s’il pleut.
Ainsi la hauteur intérieure est passée à 1,85 m là où c’est utile, alors qu’au-dessus de la dînette les 1,51 m sous plafond sont largement suffisants.
Par tâtonnements nous avons trouvé la position exacte où nous devions placer les vérins d’assistance nécessaires au relevage/fermeture du toit par une seule personne, d’une seule main.

GABARIT POSE ET DEPOSE
Je tenais à pouvoir rentrer le Fiat au sous-sol, dont la porte est haute de 2,40 m.
Pour cela j’ai limité la hauteur du Fiat équipé de sa chambre de toit pliée à 2,39 m.
Pour la poser ou la déposer il fallait une vingtaine de minutes à une personne seule.
- Reculer le Fiat.
- Déboulonner les pattes de la galerie.
- Soulever la galerie au plafond.
A l’arrière, j’avais fixé au plafond du sous-sol 2 longues tiges filetées soutenant une barre que je glissais sous la galerie et vissais à l’aide d’une manivelle pour soulever à l’arrière la galerie.
Pour l’avant, nous avions fixé à l’envers au plafond 2 crics de 2 CV Citroën, munis d’équerres soudées que je pivotais pour les faire venir entre le toit du fourgon et le dessous de la galerie. A l’aide de la manivelle je relevais ou je posais aisément cette chambre tout seul.
Il restait à sortir le FIAT, coulisser sur l’ouverture un couvercle en tôle polyester pour retrouver un usage minibus.
Enlever le mobilier prenait 10 minutes pour retrouver une camionnette vide prête pour un déménagement.

FABRICATION
Nous avons d’abord construit une galerie de 3,40 x 1,70 m en tubes d’acier carrés de 25 x 25 mince. J’ai acheté la tôle polyester teintée dans la masse chez un carrossier pour camions qui la fabrique en 2,50 m x 12 m. C’est un peu cher, plus lourd que l’alu mais beaucoup plus résistant.
Pour assurer une parfaite étanchéité autour de l’ouverture du toit du fourgon, le cadre en bois exotique possédait dessus une rainure contenant le petit rail inox qui maintenait un joint caoutchouc.

TEMPS PASSE
Travaillant en équipes, j’ai aménagé en 10 après-midi + 2 week-ends la partie camionnette, le « rez-de-chaussée » de notre futur camping-car. Et nous sommes partis dans les Landes et en Suisse avec nos 4 enfants, 2 chats et une tente…
Fabriquer la galerie nous a pris largement plus d’une centaine d’heures et n’aurait pas été possible sans le dévouement et les compétences d’un ami soudeur hors pair, son matériel et son local, et qui s’est investi totalement dans cette réalisation. Merci Albert !

POIDS
L’ensemble pesait environ 140 kg, ce qui, compte tenu de sa taille imposante et des 2,50 m de placards de pavillon et de la grande chambre était très raisonnable. Toutes les surfaces donnant sur l’extérieur étaient en polyester, isolées et sans aucune toile.
Rappelons qu’une tente de toit (pour 2 personnes seulement), pèse 50 à 70 kg auxquels il faut souvent ajouter le poids de la galerie.

TENUE DE ROUTE
Sur la route, le frein aérodynamique était faible. Chargé ou non le Fiat 238 ne pouvait pas dépasser les 120 km/h au compteur et la forme bombée du toit du fourgon, le profil arrondi de la chambre-galerie offraient peu de résistance au vent. Quant au poids, même chargée la chambre ne perturbait pas la tenue de route. C’est vrai, les acccélérations étaient meilleures quand la chambre restait au garage !
Aujourd’hui encore, ajouter une chambre de toit amovible ou une galerie ne nécessite toujours pas de passage aux Mines.

CONSOMMATION
Elle tournait autour de 10 litres de super.

CONCLUSION
Nous avons trouvé ce système excellent, vraiment très pratique. Au bout de 5 ans, les enfants grandissant, âgés alors de 9 à 15 ans, j’ai décidé de me lancer dans la construction d’un véhicule plus grand, diésel, et nous avons acheté un chassis-cabine Peugeot J5 sur lequel j’ai construit une cellule bien carrée pour 6 adultes, plus facile à aménager. La forme tonneau du Fiat m’avait beaucoup compliqué la vie.

EPILOGUE
Après 5 ans d’utilisation et 100 000 km j’ai revendu le FIAT équipé 29 500 F donc 500 F plus cher que ce que je l’avais acheté neuf mais vide 5 ans auparavant. Je dois dire que l’inflation dans ces années-là était à 2 chiffres et que le Fiat 238 que j’avais payé 29 000 F valait près de 48 000 F neuf 5 ans plus tard !

Plusieurs années plus tard j’ai revu notre Fiat en stationnement au Mans. Il était débarrassé de son toit amovible, son aménagement avait été refait en partie façon van.


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