LE TEMPS DES MOBYLETTES (1961-1966)

J’ai commencé à travailler à 15 ans, en 1960. J’ai toujours été curieux de découvrir le monde et dès l’année suivante j’ai fait le tour de la Bretagne à vélo, puis j’ai acheté une Mobylette Motobécane orange AV89. Après le vélo, c’était un moyen économique pour parcourir rapidement de longues distances. Elle consommait 2 litres de mélange aux 100 km. A l’époque les cyclomoteurs n’étaient pas bridés et la plupart atteignaient 60 à 70 km/h. Equipés d’une selle biplace et de cale-pieds, nous pouvions en toute légalité rouler à deux, coiffés chacun d’un casque. Sur route nous faisions normalement une moyenne de 50 km/heure, ce qui nous permettait de partir quand il y avait un pont ou en simple week-end visiter la France mais aussi la Suisse et parfois le Sud de l’Allemagne. Ce qui depuis Paris représentait entre 580 et 730 km d’une traite. Selon la météo, le chargement et les éventuels problèmes mécaniques ou crevaisons, cela prenait entre 11 et 22 heures, en ne s’arrêtant que pour refaire le plein. En 3 ans j’ai fait ainsi 17 fois le parcours Paris/la Suisse x 2 avec les retours.
Contrairement à beaucoup d’autres jeunes sans imagination, je n’ai jamais aimé faire le tour du quartier en pétaradant. La Mobylette était pour moi le moyen de voir du pays. Quand je ne partais pas à l’étranger, j’allais camper un week-end sur deux autour de Paris avec un groupe d’Eclaireurs et Eclaireuses de France âgés de 16 à 22 ans, une micro-société fonctionnant de façon autonome et démocratique. Pendant que les autres prenaient le train, j’étais chargé du matériel de camping, tentes et provisions pour 10 à 15 participants, car au début j’étais le seul à posséder un moyen de transport personnel. J’emmenais en général l’un de nous en plus du matériel, et le chargement total devait avoisiner les 200 kg. Ainsi chargé, impossible de pédaler et donc pas moyen d’aider le moteur dans les côtes. (Voir photo.)

Pendant mes 4 semaines de vacances j’ai sillonné l’Italie du Nord, l’Autriche, l’Allemagne du Sud et j’ai grimpé presque tous les cols suisses. En hiver, entre la Toussaint et Pâques, je partais en stop. J’ai ainsi parcouru en 4 ans 20 000 km en auto-stop et 88 000 km en Mobylette.

Pour aller en Suisse, où les cyclomoteurs étaient tous immatriculés, la préfecture de Police de Paris nous avait établi une carte grise et octroyé une immatriculation, vous pouvez le voir sur la carte grise que j’ai scannée. Les jeunes cyclomoristes suisses nous enviaient de pouvoir rouler à deux et beaucoup plus vite que leurs engins bridés à 30 km/heure. Leur police nous arrêtait parfois mais nous laissait repartir au vu de notre carte grise indiquant 2 places et de notre plaque d’immatriculation française, que nous enlevions généralement en France, sauf si nous voulions emprunter les autoroutes, peu nombreuses et gratuites en France comme en Allemagne à l’époque, mais interdites aux 2 roues non immatriculés.
C’était le temps béni où il n’existait pas de permis pour les cyclos, pas de permis à points, pas d’alcootest (je bois peu et jamais si je conduis) pas de radars automatiques ou non, et où la police ne tendait pas d’embuscades aux honnêtes gens…
Depuis, le contrôle technique a permis l’élimination des véhicules dangereux, le port de la ceinture est devenu obligatoire et a sauvé quantité de vies, l’amélioration de la sécurité passive des véhicules, les air-bags, l’ABS, le développement des autoroutes, les déviations autour des villes et villages, les ronds-points, les carrefours aménagés, les glissières de sécurité, le SAMU, la baisse du taux d’alcoolémie toléré, tous ces éléments ont contribué à faire baisser le nombre des victimes de la route.
Il n’y avait pas de limitations de vitesse, mais c’est vrai qu’on relevait 2 fois plus de morts sur les routes que maintenant. La diminution de la vitesse n’est pas le seul facteur de ces bons résultats, les partisans des contrôles de vitesse lourdement sanctionnés (automobilistes = vache à lait) l’oublient trop souvent.

Avec le mariage (nous avions tous deux 22 ans) vint pour nous le temps des enfants et de la voiture.


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Le Fiat 238
et sa réhausse amovible

1982

Le Berlibus
sur la base d'un J5 chassis-cabine

1990

Azalaï
Reconditionnement
d’un voilier en acier

2000

Le BerliLand
Un p’tit chez soi pour aller chez les autres...